ANTICORPS ANTI-MITOCHONDRIE SANS CBP ÉTABLIE: UNE ÉTUDE FRANÇAISE

Alors que le profil sérologique des patients porteurs d’une cirrhose (cholangite) bilaiire primitive est assez bien établi, l’histoire naturelle de l’hépatopathie des patients présentant des anticorps anti-mitochondrie sans CBP établie est mal connu. Ce travail multicentrique français coordonné par le centre de référence des maladies biliaires inflammatoires s’est intéressé au devenir des patients chez qui des anticorps anti-mitochondrie étaient identifiés sans que le diagnostic de CBP ne soit retenu (229 patients avec un suivi moyen de sept ans). Les caractéristiques des patients étudiés étaient assez proches de celles des patients contrôles avec CBP avérée. Au terme du suivi dsiponible dans cette étude, l’incidence cumulée du diagnostic de CBP n’était que d’environ 20%, ce qui souligne qu’une grande majorité de patients n’ayant pas les critères diagnostiques de CBP lors de la mise en évidence des anticorps restent au même statut au cours du temps. De manière étonnante, la survie des patients avec anticorps sans CBP était moins bonne que celle d’une population contrôle, alors que le développement de la CBP n’était pas une cause de mortalité du groupe anticorps isolés.

ACIDE OBÉTICHOLIQUE ET CBP : ÉTUDE POISE

Le traitement des patients atteints de cirrhose (cholangite) bilaire primitive repose sur l’acide ursodésoxycholique en première intention. La réponse au traitement est évaluée par les critères biochimiques, notamment ceux de Paris, basés sur l’évolution des phosphatases alcalines à 1 an. Le traitement des patients insuffisamment contrôlés par l’acide ursodésoxycholique reste mal codifié. L’acide obéticholique (AOC) est un agoniste du récepteur nucléaire FXR qui a montré des résultats encourageants dans un essai de phase II (Hirschfield et al. Gastroenterology 2015).

L’étude POISE est un essai randomisé mené chez des répondeurs incomplets à l’AUDC comportant trois bras de traitement: placebo, AOC 5mg/j avec possibilité d’ascension à 10 mg/j et AOC 10 mg/j. Les doses étaient basées sur les résultats de l’essai de phase II. Au bout d’un an, les patients traités par AOC avaient une diminution significative des phosphatases alcalines par rapport aux patients traités par placebo. Le traitement était mieux toléré qu’avec les doses proposées dans l’essai de phase II, notamment en termes de prurit qui était tolérable dans cet essai.

Sur la base de ces résultats, une demande d’AMM a été déposée à l’agence européenne. Une AMM conditionnelle est effective aux Etats-Unis. L’AOC va devenir rapidement un élément important de prise en charge de la CBP en cas de réponse incomplète à l’AUDC.

RÔLE DES IGA ANTI-GP2 DANS LA CHOLANGITE SCLÉROSANTE

Contrairement à la cirrhose (cholangite) biliaire primitive où le taux d’anticorps anti-gp2010 a un rôle pronostique démontré, il n’y a actuellement pas de marqueur biologique permettant de prédire l’évolution de la cholangite sclérosante primitive. De nombreux auto-anticorps sont suceptibles d’être élevés dans cette pathologie mais aucun n’est vraiment recommandé pour le diagnostic ou le pronostic.

Les auto-anticorps pancréatiques, notamment les Ac anti-GP2, sont observés dans les maladies inflammatoires intestinales, même si leur dosage n’est pas recommandé en pratique clinique. Leur présence serait associée à une évolution vers des complications plus sévères. Cette étude multicentrique européenne (notamment allemande et norvégienne avec cohortes d’analyse et de validation) a cherché à définir l’intérêt des IgA anti-GP2 dans la CSP. Dans un travail initial, les auteurs avaient observé une fréquence plus importante des IgA anti-GP2 dans la CSP associée à la rectocolite hémorragique.

Les IgA anti-GP2 étaient élevées dans la CSP, mais également dans une population contrôle de patients ayant une maladie biliaire avancée (cholangiocarcinome ou cholangite sclérosante secondaire). Chez les patients ayant une CSP, la présence d’IgA anti-GP2 était associée à une moins bonne survie et à une incidence plus élevée du cholangiocarcinome. Cette augmentation était indépendante des facteurs de risque classiques d’évolution dans la CSP, tels que l’âge, la bilirubine ou la durée d’évolution. Il semble donc que les IgA soient un marqueur pronostique utile dans la CSP.