Publication des articles de veille scientifique

NORFLOXACINE CHEZ LES PATIENTS AVEC CIRRHOSE CHILD PUGH C

Cette étude randomisée multicentrique française a comparé la norfloxacine 400 mg/jour (n=144) versus placebo (n=147) chez les patients avec une cirrhose classée Child Pugh C. L’objectif primaire de l’étude était la survie globale à 6 mois et celle-ci n’était pas différente entre le groupe norfloxacine (14.8%) versus le groupe placebo (19.7%) (P=0.21). Le nombre total d’infection bactérienne était diminué dans le groupe norfloxacine sans entrainer d’augmenter la survenue d’infections à bactéries multirésistantes. Dans le sous-groupe des malades avec une ascite pauvre en protide < 15 g/l, la survenue d’un syndrome hépato rénal était diminuée dans le groupe norfloxacine comparé au groupe placebo. Au total, l’antibioprophylaxie primaire par norfloxacine n’augmente pas la survie à 6 mois chez les patients avec cirrhose Child Pugh C

LA SEULE CONSOMMATION D’ALCOOL QUI EST BÉNÉFIQUE POUR LA SANTÉ EST UNE CONSOMMATION NULLE

Cette énorme étude épidémiologique a évalué l’impact de la consommation d’alcool sur la mortalité et l’invalidité entre 1990 et 2016 dans 195 pays différents. En 2016, la consommation d’alcool était le 7ème facteur de risque de décès prématuré et d’invalidité dans le monde et le 1erdans la population des 15-49 ans. Dans cette population, les 3 principales causes de mortalité, toutes favorisées par l’alcool étaient : la tuberculose, les accidents de la route et le suicide. Dans la population des 50 ans et plus, les cancers étaient la première cause de mortalité liée à l’alcool. Le niveau de consommation d’alcool qui était associé à une diminution du risque de mortalité et d’invalidité était de 0 verrre par semaine. Cette étude confirme donc que l’alcool reste un majeur problème de santé publique à l’échelle mondiale et va contre l’effet bénéfique d’une consommation d’alcool modérée.

LE TRAITEMENT PAR SIMTUZUMAB (ANTI-LOXL2) N’EST PAS EFFICACE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS DE CHOLANGITE SCLÉROSANTE PRIMITIVE

La cholangite sclérosante primitive (CSP) est une maladie rare mais potentiellement grave pour laquelle il n’existe pas de traitement ayant fait preuve de son efficacité en dehors de la transplantation hépatique. La Lysyl Oxidase Like-2 (LOXL2) est une protéine impliquée dans la fibrogenèse. Sa concentration est élevée dans le sérum et dans le foie des patients atteints de CSP. Cette étude de phase 2 avait donc pour but d’évaluer l’efficacité et la tolérance du Simtuzumab (anticorps monoclonal anti-LOXL2) chez les patients atteints de CSP. 234 patients ont été randomisés dans 3 groupes de traitement : placebo, Simtuzumab 75mg et Simtuzumab 125 mg pendant 96 semaines. Le critère de jugement principal était la diminution de la fibrose hépatique mesurée par morphométrie sur la biopsie hépatique à 96 semaines par rapport à la biopsie hépatique à l’inclusion. Les critères de jugement secondaires étaient la diminution de la fibrose hépatique appréciée selon le score histologique Ishak et la survenue d’évènements liés à la CSP. Aucun de ces critères n’était significativement différent entre les groupes Simtuzumab et le groupe placebo. Il n’a pas été observé d’effet secondaire spécifique chez les patients traités par Simtuzumab. En analyse multivariée, les facteurs associés à la survenue d’évènements liés à la CSP étaient : la présence d’une fibrose hépatique avancée à l’inclusion, des Phosphatases Alcalines élevées et un score ELF élevé.

En conclusion, le Simtuzumab n’apporte aucun bénéfice ni histologique ni clinique aux patients atteints de CSP.

LA NASH EST UN FACTEUR DE RISQUE IMPORTANT DE CHC, MÊME EN L’ABSENCE DE CIRRHOSE

Le but de cette méta-analyse était d’évaluer le risque de CHC chez les patients atteints de NASH non-cirrhotiques et de le comparer à celui des patients atteints d’autres maladies chroniques du foie non-cirrhotiques. Cette méta-analyse a inclus 19 études, soit 168 571 patients, dont seulement 14% non-cirrhotiques. La prévalence du CHC chez les patients NASH non-cirrhotiques était de 38% versus 14% chez les patients atteints d’autres maladies chroniques du foie non-cirrhotiques (p<0.001). Les patients NASH non-cirrhotiques avaient un risque plus important de développer un CHC par rapport aux patients atteints d’autres maladies chroniques du foie non-cirrhotiques (0R= 2.6, IC95%= [1 .3-5.4], p=0.009). Lorsque l’on regroupait tous les patients atteints de NASH (cirrhotiques et non-cirrhotiques confondus), le risque de CHC n’était pas supérieur à celui des patients atteints d’autres maladies du foie (cirrhotiques et non-cirrhotiques confondus). Ces résultats démontrent donc que, chez les patients atteints de maladie chronique du foie non-cirrhotiques, le risque de CHC est plus élevé si la cause de la maladie chronique du foie est la NASH.

IMPACT DES DAA SUR LA TRANSPLANTATION HÉPATIQUE

L’arrivée des nouveaux antiviraux d’action directe (DAA) a révolutionné la prise en charge des patients atteints d’hépatite chronique C. Le but de cette étude était d’analyser l’évolution des indications et des résultats de la transplantation hépatique (TH) en Europe depuis l’arrivée des DAA. Cette étude s’est basée sur le registre de la TH Européenne et a inclus les patients transplantés entre 2007 et 2017 en Europe pour VHC, VHB, alcool et NASH. La période d’analyse a été divisée en 3 périodes : période Interferon (2007-2010), période d’Inibiteur de Protéase (2011-2013) et période DAA seconde génération (2014-2017). Au total 36 382 TH ont été analysées. Le pourcentage de TH pour VHC a diminué significativement : de 23% pendant la période Interferon à 17% pendant la période DAA seconde génération. A l’intérieur même de la période DAA seconde génération, le pourcentage de TH pour VHC a significativement diminué de 21% en 2014 à 10% en 2017. Cette diminution était plus importante chez les patients avec cirrhose décompensée que chez les patients avec CHC. La survie à 3 ans des patients greffés pour VHC a significativement été améliorée de 65% pendant la période Interferon à 77% pendant la période DAA seconde génération et est maintenant comparable à la survie des patients greffés pour VHB.

En conclusion, ces résultats démontrent l’impact positif des DAA sur la transplantation hépatique en Europe.

LE TIPS PRÉCOCE POUR RUPTURE DE VARICES ŒSOPHAGIENNES EN PRATIQUE CLINIQUE

Cette étude internationale multicentrique a analysée 671 patients avec rupture de varices œsophagiennes ayant les critères classiques proposés pour la mise en place d’un TIPS précoce : patients Child Pugh B avec hémorragie active à l’endoscopie ou Child Pugh C. 66 patients ont été traités par un TIPS précoce et ont été comparés à 605 patients traités de manière classique par un traitement médicamenteux et des ligatures des varices œsophagiennes. Les patients Child Pugh C et traités par TIPS précoce avaient une meilleure survie (78% à 1 an dans le groupe TIPS précoce versus 53% à 1 an dans le groupe traitement standard, P = 0.002) et moins de récidives hémorragiques comparés au groupe contrôle. Les patients Child Pugh B avec hémorragie active et traités par TIPS précoce avaient une survie identique au groupe contrôle mais avaient moins de récidives hémorragiques et moins de survenues d’ascite lors du suivi.

En conclusion, l’utilisation du TIPS précoce diminue le risque de récidive hémorragique après rupture de varices œsophagiennes chez les patients Child pugh B avec hémorragie active et les patients Child Pugh C. De plus le TIPS précoce augmente la survie des patients Child Pugh C.

CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE SARCOMATOÏDE : UNE FORME HISTOLOGIQUE DE MAUVAIS PRONOSTIQUE

Le carcinome hépatocellulaire avec différentiation sarcomatoïde est une forme histologique rare du carcinome hépatocellulaire. Cette étude taïwanaise a comparé 40 carcinomes hépatocellulaires sarcomatoïdes avec 160 carcinomes hépatocellulaires non sarcomatoïdes et appariés sur l’âge, le sexe et le stade de la maladie. Moins de la moitié (47.5%) des carcinomes hépatocellulaires sarcomatoïdes avaient une imagerie typique de carcinome hépatocellulaire. Les carcinomes hépatocellulaires sarcomatoïdes étaient moins bien différenciés en terme de grade d’Edmonson comparés aux carcinomes hépatocellulaires du groupe contrôle. De plus, les carcinomes hépatocellulaires sarcomatoïdes étaient associés à une survie globale moins bonne et un taux plus élevé de récidive tumorale.

En conclusion, le carcinome hépatocellulaire sarcomatoïde est un sous type histologique rare, moins bien différencié souvent atypique à l’imagerie et associé à un mauvais pronostique.

LE SCORE MELD SODIUM POUR PRIORISER LES PATIENTS SUR LISTE DE TRANSPLANTATION HÉPATIQUE

Cette étude américaine a comparé le taux de transplantation hépatique et la mortalité sur liste de transplantation hépatique des malades priorisés sur liste par le score MELD (entre 2013 et 2016, n= 18850) versus des malades priorisés sur liste par le score MELD sodium (combinant le MELD et le taux de sodium plasmatique, entre 2016 et 2017, n=14512). La mortalité sur liste a diminuée (hazard ratio = 0.738, P< 0.001) et le taux de transplantation hépatique a augmentée (HR= 1.217, P< 0.001) lors de la période d’utilisation du MELD sodium comparée à la période MELD. L’impact le plus évident de l’utilité du score MELD sodium était retrouvé chez les patients avec un MELD faible (15-17) et une hyponatrémie. En conclusion, le score MELD sodium serait meilleur que le MELD seul pour prioriser les malades sur liste de transplantation hépatique

RADIOEMBOLISATION À L’YTTRIUM 90 VERSUS SORAFENIB DANS LE CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE LOCALEMENT AVANCÉ

Cette étude multicentrique, ouverte, randomisée de supériorité conduite en Asie a comparé la radioembolisation utilisant l’Yttrium 90 (182 patients) au sorafenib (178 patients) chez les patients BCLC B ou C avec thrombose porte tumorale sans métastases extra-hépatiques. 28.6% des patients randomisés dans le groupe radioembolisation n’ont pas reçu au final ce traitement. Le critère de jugement était la survie globale qui était de 8.8 mois dans le groupe radioembolisation versus 10 mois dans le groupe sorafenib (P=0.36). Le taux de réponse radiologique était plus élevé dans le groupe radioembolisation. La toxicité était plus élevée dans le groupe sorafenib (50.6% d’effets secondaires grade ≥ 3) comparée à la toxicité de la radioembolisation (27.7% d’effets secondaires grade ≥ 3, P <0.001). Au total, la radioembolisation à l’yttrium 90 n’améliore pas la survie globale comparée au sorafenib chez les patients atteints de carcinome hépatocellulaire localement avancé

MISE AU POINT SUR L’HÉPATITE ALCOOLIQUE AIGUE

Cette mise au point sur la prise en charge de l’hépatite alcoolique aigue utilise un cas clinique d’un patient pour détailler les points de controverse dans le diagnostic, l’évaluation pronostique et le traitement médicamenteux ainsi que le rôle de la transplantation hépatique de l’hépatite alcoolique aigue sévère.