Publication des articles de veille scientifique

CHOLANGIOPATHIE INDUITE PAR LA KÉTAMINE CHEZ LES USAGERS DE DROGUE

Cette étude asiatique a effectué de manière systématique un bilan hépatique et une Bili-IRM chez 257 patients usagers de drogue et consommant de la ketamine (10 ans de consommation en moyenne). Des anomalies des voies biliaires étaient observées chez 62% des patients incluant majoritairement des dilatations des voies biliaires extrahépatiques et parfois des lésions biliaires intrahépatiques. Ces patients présentaient souvent une cholestase associée. Les anomalies des voies biliaires pouvaient disparaitre après arrêt de la kétamine mais à l’inverse parfois progresser vers la cirrhose quand la kétamine était toujours consommée.

Au total, l’utilisation chronique de ketamine peut entrainer des cholangites avec lésions biliaires intra-hépatiques et extrahépatiques réversibles avec l’arrêt de la consommation

FGF-21 : MARQUEUR PRÉDICTIF DE L’INSUFFISANCE HÉPATIQUE AIGUE SUR CHRONIQUE

L’insuffisance hépatique aigue sur chronique survient lors d’une décompensation de la cirrhose et est associée à une mortalité élevée. La dysfonction mitochondriale pourrait être impliquée dans la physiopathologie de l’insuffisance hépatique aigue sur chronique. Le Fibroblast Growth Factor 21 (FGF-21) est hautement exprimé dans le foie et est un marqueur de dysfonction mitochondriale. Le but de cette étude, menée en collaboration entre le Mexique et l’Europe, était d’évaluer FGF-21 comme marqueur de l’insuffisance hépatique aigue sur chronique. Cette étude a inclus 112 patients en réanimation et 42 sujets sains. La concentration de FGF-21 était plus élevée chez les patients de réanimation, surtout chez les patients cirrhotiques. La concentration de FGF-21 était plus élevée chez les patients qui avaient une insuffisance hépatique aigue sur chronique ou qui allaient développer une insuffisance hépatique aigue sur chronique dans les 7 prochains jours. En analyse multivariée, la concentration de FGF-21 était un facteur prédictif indépendant d’insuffisance hépatique aigue sur chronique présente ou à venir. Ces résultats suggèrent que la mesure de la concentration de FGF-21 pourrait permettre d’identifier les patients qui vont développer une insuffisance hépatique aigue sur chronique. Reste à en comprendre la physiopathologie et surtout à démontrer si l’identification précoce de ces patients permettra de mettre en œuvre des mesures thérapeutiques.

LES PATIENTS CIRRHOTIQUES NE SONT PAS SUFFISAMMENT VACCINÉS

Le but de cette étude française monocentrique était d’évaluer la couverture vaccinale des patients cirrhotiques en attente de transplantation. 222 patients ont été inclus et le statut vis à vis de la vaccination a été déterminé par les sérologies. 78% des patients étaient immunisés contre le tétanos, 74% étaient immunisés contre le virus de l’hépatite A et seulement 34% étaient immunisés contre le virus de l’hépatite B. Ces résultats montrent que malgré les recommandations, les patients cirrhotiques ne sont pas suffisamment vaccinés.

RADIOFRÉQUENCE PERCUTANÉE MULTIBIPOLAIRE NO TOUCH VERSUS CHIRURGIE POUR LES CARCINOMES HÉPATOCELLULAIRES DE 2 À 5 CM

La radiofréquence multibipolaire No Touch est une nouvelle technique d’ablation percutanée des CHC consistant à induire une ablation thermique par l’application de plusieurs électrodes autour de la tumeur afin d’obtenir une zone d’ablation plus grande avec une marge de sécurité supérieure à la radiofréquence classique monopolaire. Cette étude monocentrique a comparé la survie globale et la récidive tumorale de 79 patients traités par radiofréquence Multibipolaire No Touch versus 62 patients traités par chirurgie pour des CHC entre 2 et 5 cm en utilisant un score de propension pour apparier les patients. Les patients traités par radiofréquence Multibipolaire No Touch avaient plus de récidives segmentaires mais un taux identique de récidive locale et de récidive tumorale globale. La survie globale était identique entre les deux groupes de traitements (87% à 3 ans pour la RF versus 91% pour la résection, P = 0.954). La morbidité était plus élevée dans le groupe résection (68% vs 50%, P=0.04) et le nombre de jours d’hospitalisation était plus important.

Au total, la radiofréquence percutanée Multibipolaire No Touch est associée à plus de récidive tumorale segmentaire mais avec un taux de récidive globale et une survie globale identique comparée à la résection hépatique pour les CHC entre 2 et 5 cm. La morbidité était plus basse dans le groupe radiofréquence Multibipolaire No Touch.

SURVIE À LONG TERME DES PATIENTS AVEC HÉPATITE B TRAITÉS PAR ENTECAVIR OU TENOFOVIR

Cette étude de cohorte a inclus 1951 patients avec hépatite B chronique traités par entecavir ou tenofovir incluant 526 patients avec cirrhose. La survie à 1 an, 5 ans et 8 ans était de 99.7%, 95.9% et 94.1% et n’était pas différente de celle de la population générale. Le fait d’avoir une cirrhose n’était pas associée à un risque plus élevé de décès. Seul l’âge et la survenue d’un CHC étaient prédictifs du décès.

Au total, la survie des patients avec hépatites B traités par entecavir our tenofovir est excellente et la survenue du CHC reste la principale complication diminuant la survie chez ces patients.

HÉPATITE AUTO-IMMUNE INDUITE PAR L’IMMUNOTHÉRAPIE ANTI-TUMORALE

Cette étude française a analysée 16 cas d’hépatite auto-immune induite par une immunothérapie anti-tumorale de type anti PD1/PDL1 et anti CTLA4. Chez 5 patients, il existait une exposition antérieure à une immunothérapie différente. Le délai médian entre l’initiation du traitement et la survenue de l’hépatite auto-immune était de 5 semaines (14 semaines pour les anti PD1/PDL1 versus 3 semaines pour les anti CTLA4, P=0.01). Aucun cas d’insuffisance hépatocellulaire sévère n’a été rapporté. Une éruption cutanée maculo-papuleuse concomitante existait dans 31% des cas. 38% des patients avaient eu un épisode d’effets secondaires auto-immuns extrahépatiques liés à l’immunothérapie dans leurs antécédents. A la biopsie hépatique, l’infiltrat inflammatoire était majoritairement composé de lymphocytes avec des lésions biliaires dans 50% des cas. Les anti CTLA4 étaient fréquemment associées à une hépatite granulomateuse. 38% des patients se sont améliorés à l’arrêt de l’immunothérapie sans avoir reçu de corticoïdes. Chez 3 patients, l’immunothérapie a été réintroduite sans récidive de l’hépatite auto-immune.

Au total, l’hépatite auto-immune liée aux anti PD1/PDL1 et anti CTLA4 est le plus souvent non sévère pour laquelle un traitement par corticothérapie n’est pas systématiquement nécessaire

PEUT-ON REMPLACER LA PRÉSENCE D’UNE CIRRHOSE PAR LA PRÉSENCE D’UNE HÉPATITE VIRALE CHRONIQUE POUR POUVOIR APPLIQUER LES CRITÈRES NON-INVASIFS DU DIAGNOSTIC DE CHC ?

Le diagnostic positif de carcinome hépato-cellulaire (CHC) peut se faire avec des critères non-invasifs radiologiques uniquement s’il existe une cirrhose sous jacente. Selon les recommandations de l’EASL, en cas d’absence de cirrhose, la biopsie de la tumeur reste indispensable. Or en cas d’hépatite chronique B, le risque de CHC est élevé même en l’absence de cirrhose. Le but de cette étude chinoise était donc d’évaluer si la présence d’une cirrhose est indispensable pour appliquer les critères diagnostiques non-invasifs du CHC dans les zones d’endémie pour l’hépatite B. Cette étude a inclus 409 patients avec tumeur hépatique ayant eu une biopsie tumorale et une échographie avec produit de contraste. Deux critères ont été appliqués pour diagnostiquer le CHC chez ces patients : critère 1= présence d’une cirrhose et vascularisation typique à l’échographie, critère 2 = présence d’une hépatite B ou C et vascularisation typique à l’échographie. Le critère 2 avait une performance plus élevée que le critère 1 pour le diagnostic de CHC (AUROC 0,79 versus 0,60) mais une spécificité inférieure (74% versus 90%) exposant au risque de faux positifs. La présence d’une cirrhose reste donc un élément important pour l’application des critères non invasifs du diagnostic du CHC.

CHEZ LES PATIENTS AVEC MALADIE HÉPATIQUE AUTO-IMMUNE, LES CELLULES MAIT, UN SOUS-TYPE DE LYMPHOCYTES T, SONT ALTÉRÉES ET FAVORISENT L’ACTIVATION PROFIBROGÉNIQUE DES CELLULES ÉTOILÉES DU FOIE

Les cellules MAIT (Mucosal-associated invariant T) représentent une sous-classe de lymphocytes T. Elles ont un rôle dans les défenses anti-bactériennes et sont aussi impliquées dans la physiopathologie des maladies auto-immunes, notamment les MICI. Le but de cette étude était d’évaluer l’implication des cellules MAIT dans les hépatopathies auto-immunes, regroupant la cholangite sclérosante primitive, la cholangite biliaire primitive et l’hépatite auto-immune. Les auteurs de cette étude ont extrait les cellules MAIT du sang de patients atteints d’hépatopathie auto-immune et les ont comparé aux cellules MAIT extraites du sang de sujets sains. Par rapport à celles provenant des sujets sains, les cellules MAIT provenant des patients avec hépatopathie auto-immune présentaient un phénotype « altéré » avec une capacité de production d’interferon gamma diminuée. Ces cellules MAIT « altérées » étaient capables d’activer un phénotype pro-inflammatoire et pro-fibrognéique chez une lignée humaine de cellules étoilées du foie, notamment via l’action d’IL-17. Ces résultats permettent de mieux caractériser les mécanismes cellulaires et moléculaires mis en jeu au cours des hépatopathies auto-immunes pour envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques.

LE DÉFICIT EN ZINC : UN ÉLÉMENT IMPORTANT AU COURS DES MALADIES CHRONIQUES DU FOIE

Le zinc a des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires. L’homéostasie du zinc est assurée par le foie. La survenue d’une maladie chronique du foie va altérer le métabolisme du zinc et va aboutir à un déficit en zinc. Or ce déficit en zinc va entrainer des anomalies métaboliques ayant des conséquences négatives sur le foie : insulino-résistance, stéatose hépatique et encéphalopathie hépatique. Plusieurs études ont rapporté un effet bénéfique de la supplémentation en zinc dans des modèles animaux mais aussi chez des patients atteints d’une maladie chronique du foie. Cette revue explique la physiopathologie des anomalies métaboliques entraînées par un déficit en zinc et les mécanismes par lesquels la supplémentation en zinc est bénéfique au cours des maladies chroniques du foie.