Publication des articles de veille scientifique

VASCULAR ADHESION PROTEIN-1 (VAP-1) : UN NOUVEAU BIOMARQUEUR PRONOSTIQUE DE LA CSP ET UNE NOUVELLE CLÉ POUR EN COMPRENDRE LA PHYSIOPATHOLOGIE

Trois quarts des patients atteints de cholangite sclérosante primitive (CSP) ont également une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) mais les liens entre ces 2 pathologies restent mal compris. Ces chercheurs anglais se sont intéressés à la protéine Vascular Adhesion Proteine-1 (VAP-1) : une enzyme présente à la surface de l’endothélium hépatique capable d’induire l’expression de MAdCAM1, molécule d’adhésion permettant de recruter les lymphocytes spécifiques de la muqueuse intestinale. Dans cette étude, ils ont montré que l’expression de VAP-1 était augmentée dans les foies de malades atteints de CSP par rapport aux foies non malades et aux foies atteints de pathologies autres que la CSP. Cette augmentation d’expression était associée à une augmentation de l’activité enzymatique de VAP-1. La concentration de VAP-1 soluble était retrouvée plus élevée dans le serum des patients atteints de CSP par rapport aux patients atteints de cholangite biliaire primitive (CBP) ou d’hépatite auto-immune et par rapport aux contrôles sains. De plus, chez les patients atteints de CSP, une concentration élevée de VAP-1 circulant était associée à une survie sans transplantation plus faible. Enfin, par des études in vitro, les auteurs ont montré que les lymphocytes T spécifiques de la muqueuse intestinale pouvaient adhérer à aux cellules endothéliales hépatiques de façon dépendante de l’activation de VAP-1, activation elle-même dépendante du substrat cysteamine, produite par l’épithelium colique. Au total, selon les résultats de cette étude, au cours d’une MICI, la muqueuse colique produirait une substance capable d’activer VAP-1 au niveau hépatique, entrainant ainsi le recrutement des lymphocytes de la muqueuse intestinale vers le foie conduisant à l’inflammation hépatique qui participe à l’apparition de la CSP.

MÉTA-ANALYSE DU CAP

Cette méta-analyse a inclus les données individuelles de 19 études ayant évalué la performance du CAP mesuré avec la sonde M du Fibroscan pour le diagnostic non-invasif du grade de stéatose hépatique.

2735 patients ont été finalement inclus, majoritairement avec une hépatite virale (VHC: 36.5% et VHB: 36.7%; NAFLD: 19.6%, autres: 7.2%).

Les seuils pour le diagnostic du grade de stéatose ≥1, ≥2, et ≥3 étaient 248 dB/m, 268 dB/m et 280 dB/m.

Le BMI influençait significativement la concordance entre le grade de stéatose histologique et celui prédit par le CAP.

SOFOSBUVIR, VELPATASVIR ET VOXILAPREVIR CHEZ LES PATIENTS AVEC HÉPATITE C EN ÉCHEC DE TRAITEMENT ANTIVIRAUX DIRECT

La première partie de cette étude internationale testait l’association sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprevir chez 150 patients avec une hépatite C génotype 1 et 114 patients avec une hépatite d’un autre génotype en échec d’un traitement par inhibiteur de NS5A. Un groupe de 150 patients supplémentaires était traité par placebo. 46% des patients étaient cirrhotique. Le taux de réponse virologique soutenu était de 0% dans le groupe placebo contre 96% dans le groupe sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprevir. La deuxième partie de l’étude incluait les patients avec une hépatite C génotype 1 à 3 et en échec d’un traitement antiviral direct ne comportant pas un inhibiteur de NS5A. 163 patients ont été randomisés dans le groupe sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprevir et 151 patients dans le groupe sofosbuvir et velpatasvir. Le taux de réponse virologique soutenu était de 98% dans le groupe sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprevir et 90% dans le groupe sofosbuvir et velpatasvir. Les principaux effets secondaires du traitement étaient la fatigue, les céphalées, la diarrhée et la nausée.

Au total, la combinaison sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprevir est associée à plus de 95% de réponse virale soutenue chez les patients en échec d’un traitement antiviral direct.

CYSTATINE C PLASMATIQUE ET RISQUE D’INSUFFISANCE RÉNALE ET DE DÉCÈS CHEZ LES CIRRHOTIQUES

La cystatine C plasmatique est un marqueur de dysfonction rénale s’élévant de manière précoce en cas d’atteinte rénale avant même une élévation de la créatinine. 429 patients de la cohorte CANONIC portant sur l’acute on chronic liver failure (ACLF) sur cirrhose ont eu un dosage de cystatine C à J1 et J3. Les patients ayant une ACLF à l’admission avaient un taux plus élevé de cystatine C comparé aux patients n’ayant pas d’ACLF à l’admission. Parmi les 209 patients sans ACLF à l’admission, un taux élevé de cystatine C à l’admission était associé au développement d’une insuffisance rénale, d’un syndrome hépatorénal, d’une ACLF et à un risque de décès plus important.

Au total, un taux de cystatine C élevé chez un patient cirrhotique décompensé est associé à un risque significatif de développer une insuffisance rénale. Ce biomarqueur pourrait être utilisé pour effectuer des interventions précoces de prévention de l’insuffisance rénale.

L’UTILISATION DES TIPS COUVERTS DE 8 MM DE DIAMÈTRE DIMINUE LE RISQUE D’ENCÉPHALOPATHIE HÉPATIQUE RÉCIDIVANTE

Cette étude asiatique monocentrique a randomisée l’utilisation d’un TIPS couvert de diamètre 8 mm (n=63) versus un TIPS couvert de diamètre de 10 mm (n=64) pour le traitement de l’hémorragie par rupture de varices oesophagiennes. Aucune différence en terme de dysfonction du TIPS n’a été observée dans les deux groupes (16.3% vs 15.6% à 2 ans, P value=0.620). Le taux de récidive hémorragique (quelque soit la cause) était identique entre les deux groupes (16.3% vs 17.1% à 2 ans, P value=0.65). De plus, le taux d’encéphalopathie hépatique clinique était identique dans les deux groupes (34.4% pour le 8 mm et 48% pour le 10 mm, P value= 0.07). A l’inverse le taux d’encéphalopathie hépatique récidivante/persistante était plus bas dans le groupe TIPS 8 mm (5%) que dans le groupe TIPS 10 mm (19%, P value= 0.01) et le taux d’encéphalopathie hépatique sans facteur déclenchant était plus bas dans le groupe TIPS 8 mm (26.6%) versus le groupe TIPS 10 mm (43.2%, P value = 0.03).

Au total, la pose d’un TIPS de 8 mm de diamètre semble avoir la même efficacité que celui d’un TIPS de 10 mm avec une possible réduction du risque d’encéphalopathie récidivante.

MÉTA-ANALYSE: PRONOSTIC DE LA FIBROSE HÉPATIQUE DANS LA NAFLD

Cette meta-analyse a regroupé les données de 5 études longitudinales (1495 patients, 17 452 patients-années).

La mortalité globale dans la NAFLD était significaitivement augmentée dès le stade de fibrose F1

La mortalité hépatique augmentait significativement à partir du stade de fibrose F2

18% de la mortalité globale était attribuable au foie chez les patients F2, 24% chez les patients F3, et 59% chez les patients F4.

NAFLD: MÉTAGÉNOMIQUE DU MICROBIOTE INTESTINAL ET MÉTABOLOMIQUE

Ce travail a inclu 86 patients américains avec une NAFLD prouvée histologiquement. Un séquençage de l’ensemble du génome du microbiote intestinal a été réalisé (whole-genome shotgut sequencing) et une analyse métabolomique a été effectuée sur le sérum d’un sous-groupe de 56 patients.

L’analyse du microbiote intestinal a permis de mettre au point une signature microbienne associée à la présence de la fibrose hépatique avancée (AUROC: 0.94). Les analyses métagénomiques et métabolomiques permettent de mettre en avant des hypothèses sur des nouveaux aspects physiopathologiques de la maladie, a confirmer dans d’autres séries de patients et par des études mécanistiques chez l’animal.

LES FACTEURS INFLUENÇANT LA SURVIE À COURT ET LONG TERME DES MALADES ATTEINTS D’HÉPATITE ALCOOLIQUE SONT DIFFÉRENTS : RÉSULTATS D’UNE ÉTUDE PROSPECTIVE

Cette étude prospective Lilloise a inclus entre 2002 et 2015 398 malades avec hépatite alcoolique traités par corticoïdes. L’incidence cumulée de la reprise des boissons alcoolisées était de 25%, 34% et 35% à 1, 3 et 5 ans, respectivement. La reprise les boissons alcoolisées (≥30g/j) n’était pas associée à la mortalité à court terme (6 mois) alors que le score de Lille et le MELD l’étaient de manière indépendante. A l’inverse, chez les malades encore vivants 6 mois après l’hépatite alcoolique, une consommation de boissons alcoolisées (≥30g/j) était associée à une augmentation de la mortalité à long terme (hazard ratio 3,9, p<0,0001). Il y avait un effet dose de la consommation de boissons alcoolisées. Le MELD basal ne prédisait pas la survie au long terme alors que le score de Lille (p=0.02) et la reprise des boissons alcoolisées (p<0,0001) étaient prédictifs de manière indépendante. En conclusion, les nouveaux traitements de l’hépatite alcoolique sévère doivent cibler l’atteinte hépatique pour le court terme et la consommation de boissons alcoolisées pour le long terme.

ETUDE RANDOMISÉE TESTANT L’EFFET DE L’INJECTION DE CELLULES STROMALES MÉSENCHYMATEUSES DE MOELLE OSSEUSE ALLOGÉNIQUES CHEZ LES MALADES AYANT UNE « ACLF » LIÉE À L’HÉPATITE B

La mortalité de « l’acute-on-chronic liver failure (ACLF) » chez les malades atteints d’hépatite virale B est élevée.

Entre 2010 et 2013, 110 malades ayant une ACLF liée à une infection virale B ont été randomisés dans cette étude ouverte en 2 groupes : (a) 56 malades recevant 1 injection par semaine pendant 4 semaines de cellules stromales mésenchymateuses de moelle osseuse allogéniques ; (b) 54 malades recevant un traitement standard. Les malades ont été suivis 24 semaines.

La survie cumulée était de 73% dans le bras traité par cellules stromales mésenchymateuses vs. 56% dans le bras recevant un traitement standard (p=0.026). Cette amélioration de la survie s’accompagnait d’une amélioration de la fonction hépatique (MELD) et d’une incidence plus basse des infections sévères (16% vs. 33%, p = 0.035). Il n’y avait pas d’effet secondaire de l’injection de cellules stromales mésenchymateuses, mais la fièvre était plus fréquente.

En conclusion, l’injection de cellules stromales mésenchymateuses est une stratégie sûre qui améliore la survie des malades atteints d’ACLF sur hépatite virale B chronique en améliorant la fonction hépatique et en diminuant les infections. Il reste à déterminer si cela s’applique aux autres causes de cirrhose plus fréquentes en France.