Publication des articles de veille scientifique

RÉVERSIBILITÉ DES LÉSIONS HISTOLOGIQUES HÉPATIQUES LIÉES À LA CHIMIOTHÉRAPIE

La chimiothérapie systémique contenant de l’irinotecan peut entrainer des lésions histologiques de stéatose hépatique et stéatohépatite tandis que l’oxaliplatine peut entrainer des syndromes d’obstruction sinusoïdale et des hyperplasies nodulaires régénératives. Cette étude histologique a analysée 524 foies réséqués chez 429 patients traités par irinotecan ou oxaliplatine pour des métastases de cancer colorectal. Les syndromes d’obstruction sinusoïdale et d’hyperplasie nodulaire régénérative étaient moins souvent observés chez les patients dont l’intervalle chimiothérapie-chirurgie était de plus de 270 jours. Chez les patients opérés à plusieurs reprises sans chimiothérapie d’intervalle, les lésions hépatiques liées à la chimiothérapie diminuaient significativement quand l’intervalle entre chimiothérapie et chirurgie était de plus de 270 jours. Chez ces patients, la majorité des cas de syndromes d’obstruction sinusoïdale ou d’HNR disparaissaient avec le temps.

En conclusion, les lésions hépatiques liées à l’oxaliplatine sont réversibles à distance de l’arrêt de la chimiothérapie.

RADIOFRÉQUENCE PERCUTANÉE COMME TRAITEMENT POUR LES CARCINOMES HÉPATOCELLULAIRES EN ATTENTE DE TRANSPLANTATION HÉPATIQUE

Cette étude monocentrique américaine rapporte les résultats à long terme de la radiofréquence percutanée en traitement d’attente du carcinome hépatocellulaire chez les patients en liste d’attente de greffe hépatique. 121 patients ont été inclus et suivis jusqu’à 10 ans. 95% des tumeurs ont pu être traitées de manière complète par une ou plusieurs séances de radiofréquence. Le taux de sortie de liste pour progression tumorale était de 7.4%. Aucun décès lié au traitement n’a été rapporté et seul 1 patient a présenté une greffe tumorale sur le trajet de radiofréquence. La survie globale chez les patients transplantés était de 75.8% à 5 ans et de 42.2% à 10 ans. La survie globale en intention de traiter était de 63.5% à 5 ans et de 41.2% à 10 ans.

Au total, la radiofréquence percutanée est un traitement du carcinome hépatocellulaire sur liste de transplantation hépatique avec de bon résultat carcinologique à court et long terme.

RECOMMANDATIONS SUR LA PRISE EN CHARGE DES COMPLICATIONS EXTRA-HÉPATIQUES DE L’HÉPATITE C CHRONIQUE

Ces recommandations publiées dans Journal Of Hepatology portent sur la prise en charge des complications extra-hépatiques liées à l’infection chronique par l’hépatite C (cryoglobulinémie symptomatique, lymphome etc…) avec un focus sur le traitement de ces patients. Le traitement de l’hépatite C doit être proposé aux patients avec des manifestations extra-hépatiques liées à l’hépatite C. Les nouveaux traitements antiviraux sans interferon sont à utiliser en première intention même si le niveau de preuve reste limité. Des traitements immunosuppresseurs additionnels (tel le rixutimab etc…) peuvent être discuter au cas par cas en particulier pour les cryoglobulinémies symptomatiques.

LA DÉCOMPENSATION DE LA MALADIE HÉPATIQUE COMME CAUSE DE DÉCÈS APRÈS TRAITEMENT CURATIF POUR CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE SUR CIRRHOSE VIRALE C

Cette étude multicentrique italienne a inclus 328 patients atteints de cirrhose virale C et atteints d’un CHC traité soit par traitement percutané soit par résection chirurgicale. Cette étude incluait uniquement les patients n’ayant pas été guéris de leur hépatite C afin d’évaluer l’histoire naturelle de la maladie hépatique sous-jacente. La survie globale à 4 ans était de 44% et le taux de récidive tumorale précoce de 21%. La récidive tumorale précoce dans l’année après le traitement, la décompensation hépatique survenant dans l’année après le traitement et la présence de varices oesophagiennes à l’inclusion étaient des facteurs prédictifs de mortalité.

Au total, la survenue d’une décompensation hépatique précoce est un facteur pronostique majeur chez les patients avec cirrhose virale C traité curativement pour un petit CHC

IL-8 : NOUVEAU MARQUEUR DIAGNOSTIQUE ET PRONOSTIQUE DANS LA CHOLANGITE SCLÉROSANTE PRIMITIVE ?

La cholangite sclérosante primitive (CSP) est une maladie cholestatique chronique pouvant évoluer vers la cirrhose mais dont l’évolution est très variable d’un individu à l’autre. Le groupe d’étude international de la CSP (iPSC-SG) a récemment proposé le score ELF (test sérique de fibrose hépatique) comme marqueur pronostique dans la CSP. Cette étude norvégienne avait pour but d’identifier d’autres marqueurs diagnostiques et pronostiques de la CSP. En comparant l’expression de plusieurs protéines inflammatoires dans des prélèvements de biles provenant de patients atteints de CSP (2 cohortes différentes, n= 55 et 34 patients) versus des prélèvements de bile provenant d’autres patients, les auteurs ont identifié 13 protéines exprimées de façon différente entre les patients avec et sans CSP dont la protéine IL-8. L’analyse menée dans 2 autres cohortes indépendantes de patients CSP (n=167 et 138) a montré que la concentration sérique d’IL-8 était significativement supérieure chez les patients CSP par rapport aux contrôles et notamment par rapport aux patients atteints de MICI sans CSP. IL-8 était corrélée de façon significative avec le score ELF et le score Mayo. De plus, la concentration sérique d’IL-8 était inversement corrélée à la survie sans transplantation des patients avec CSP, cependant avec une performance pronostique inférieure à celle des scores ELF et Mayo. Au total, ces résultats suggèrent que la concentration sérique d’IL-8 serait un bon marqueur diagnostique et pronostique de la CSP. Ce nouveau marqueur pourrait être utile à la fois pour servir de critère de jugement dans les études thérapeutiques à venir mais aussi pour comprendre la physiopathologie de cette maladie encore mal connue.

CHEZ LE PATIENT CIRRHOTIQUE AVEC UN MELD SUPÉRIEUR À 18, LE TRAITEMENT ANTIVIRAL C A UN RAPPORT BÉNÉFICES/RISQUES NÉGATIF

Les nouveaux antiviraux directs ont permis de révolutionner le traitement de l’hépatite C avec une efficacité et une tolérance excellentes. Néanmoins, chez les patients avec cirrhose décompensée, les résultats de ces traitements antiviraux sont moins bons, notamment en terme de tolérance. Cette étude espagnole multicentrique rétrospective a inclus 843 patients cirrhotiques traités par antiviraux directs, en condition de « vraie vie ». Comparativement aux patients avec cirrhose Child A (n=564), chez les patients avec cirrhose Child B ou C (n=175), le traitement antiviral avait une efficacité inférieure (taux de réponse virale soutenue à 78% versus 94%) et une tolérance inférieure (taux d’effets indésirables graves à 50% versus 12%). L’effet indésirable grave le plus fréquent était la décompensation de la cirrhose. Le score de MELD avant traitement (avec un seuil à 18) était le meilleur prédicteur de survie chez cette population de patients cirrhotiques. Cette étude appuie donc la prise en compte du score de MELD dans la décision de l’instauration du traitement anti-viral C chez les patients cirrhotiques.

QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUE D’INFECTION APRÈS TRANSPLANTATION HÉPATIQUE À PARTIR DE DONNEURS VIVANTS ?

La transplantation hépatique avec greffon provenant d’un donneur vivant reste une pratique marginale mais sera sûrement amenée à se développer pour pallier la pénurie de greffons. Cette étude américaine monocentrique rétrospective a analysé les dossiers de 223 patients adultes qui ont bénéficié d’une transplantation hépatique avec greffon provenant d’un donneur vivant entre 2000 et 2015. De façon inhabituelle, l’indication de transplantation la plus fréquente dans cette cohorte était la cholangite sclérosante primitive. 56% des patients ont développé une infection durant la première année après la transplantation. La majorité des infections est survenue dans le premier mois après la transplantation. Les facteurs de risque d’infection retrouvés par l’analyse multivariée étaient un score de MELD avant transplantation élevé, des infections récurrentes dans l’année précédant la transplantation, une anastomose bilio-digestive, une transfusion de plusieurs culots globulaires, et la survenue de complications biliaires. Ces résultats intéressants pourraient servir à l’élaboration de guidelines pour l’antibioprophylaxie après transplantation hépatique à partir de donneur vivant.

CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES DES CHOLANGITES À IGG4

Une étude multicentrique japonaise a collectée les caractéristiques cliniques de 527 patients atteints de cholangite à IgG4. 83% des patients étaient des hommes âgés de 66 ans. 35% des patients avaient un ictère au diagnostic, 13% un prurit, 11% des douleurs abdominales, 10% une angiocholite tandis que 25% étaient asymptomatique. 95% des patients avaient un autre organe atteint par la maladie à IgG4 et 84% avait un taux sérique augmenté d’IgG4. 79% des patients avaient une cholestase. L’insuffisance hépatique était exceptionnelle (2 patients) et 4 patients seulement ont développés un cholangiocarcinome. 90% des patients ont eu une réponse spectaculaire sous corticothérapie.

Au total, la cholangite à IgG4 est une maladie globalement bénigne avec un risque exceptionnel de développer une insuffisance hépatique ou un cholangiocarcinome.

ANTICORPS ANTI HBS ET RISQUE DE RÉACTIVATION VIRALE B SOUS CHIMIOTHÉRAPIE POUR HÉMOPATHIE

Cette méta-analyse de 20 études a inclue 1672 patients traités par chimiothérapie pour hémopathie et n’ayant pas reçu de prophylaxie antivirale B. Les patients avec un anticorps anti Hbc isolé (sans anticorps anti Hbs) (388 patients) avaient un risque de réactivation virale de 14% contre 5% chez les patients ayant à la fois un anticorps anti Hbc et antiHbs positifs (1284 patients). Les mêmes résultats étaient obtenus dans le sous-groupe des patients traités par rituximab (24% de réactivation pour les anticorps anti Hbc isolé) et les patients avec lymphome (19% de réactivation pour les anticorps anti Hbc isolé).

Au total, la présence d’anticorps anti Hbc positif isolée est un facteur de risque de réactivation virale B sous chimiothérapie pour hémopathie comparé aux patients anticorps anti Hbc et anti Hbs positif.