Publication des articles de veille scientifique

NAFLD ET ATHÉROSCLÉROSE : 2 ÉTUDES AVEC DONNÉES LONGITUDINALES

Ces deux grandes études longitudinales, l’une française et l’autre Coréenne, confirment avec des données longitudinales que la NAFLD est associée à un risque augmenté de développer de l’athérosclérose carotidienne.

De façon intéressante, dans l’étude Coréenne, le risque de développer une athérosclérose carotidienne était plus important chez les patients avec des tests de fibrose (FIB4 ou NAFLD fibrosis score) élevés.

NAFLD : DE PLUS EN PLUS TÔT, DE PLUS EN PLUS RISQUÉ

Cette large étude de cohorte suédoise a évalué les facteurs de risque de développer une maladie sévère du foie au cours du suivi de 44 248 hommes inclus au moment de leur service militaire en Suède.

Durant la période de suivi (37,8 années en moyenne), 393 sujets ont développé une maladie sévère du foie et les facteurs prédictifs indépendants étaient le BMI et le surpoids à l’inclusion.

Compte tenu des données récentes sur l’épidémie de NAFLD chez les enfants, il est possible que les cas de maladie sévère du foie chez les jeunes adultes obèses augmentent considérablement dans les années à venir. Une attention toute particulière est donc nécessaire chez les sujets en surpoids depuis leur enfance.

MUTATIONS MYO5B ET CHOLESTASE INTRA-HÉPATIQUE INFANTILE

Les mutations constitutionnelles du gène MYO5B sont responsables chez l’enfant d’une atrophie microvillositaire intestinale entrainant une diarrhée profuse parfois associée à une cholestase intrahépatique à GGT normal. L’association entre les mutations MYO5B et la survenue de cholestase intrahépatique isolée sans phénotype intestinale n’a jamais été rapportée. L’équipe d’Emmanuel Jacquemin a identifié des mutations constitutionnelles hétérozygotes composites ou homozygotes du gène MYO5B chez 5 enfants ayant une cholestase intrahépatique à GGT normal sans atteinte digestive et n’ayant pas de mutations dans les gènes classiquement impliqués dans les cholestases génétiques (ATP8B1, ABCB11, NR1H4 et TJP2).

Au total, des mutations inactivatrices constitutionnelles du gène MYO5B peuvent entrainer la survenue de cholestase intrahépatique infantile à GGT normal de manière isolée.

INHIBITEURS DE LA POMPE À PROTONS ET RISQUE D’ENCÉPHALOPATHIE HÉPATIQUE ET D’INFECTION DU LIQUIDE D’ASCITE

Dans un article publié dans Hepatology, l’influence de l’utilisation d’inhibiteurs de pompe à protons (IPP) sur le risque d’encéphalopathie hépatique et d’infection du liquide d’ascite a été étudié chez 865 patients inclus dans trois essais randomisés testant le satavaptan en tant que traitement de l’ascite réfractaire. Pendant le suivi au moins 52 % des patients ont reçus des IPP et seulement 56% des patients traités avaient une indication validée. Le risque de développer une encéphalopathie hépatique était plus importante chez les patients traités par IPP (hazard ratio = 1.88, IC95% 1.21-1.91) ainsi que le risque de développer une infection de liquide d’ascite (HR : 1.72, IC95% 1.10-2.69)).

Au total, l’utilisation d’IPP pourrait augmenter la survenue d’encéphalopathie hépatique et d’infection du liquide d’ascite chez les cirrhotiques. L’indication et la durée de traitement des patients cirrhotiques par IPP doivent être réévaluées régulièrement.

RÉGRESSION DES ADÉNOMES HÉPATOCELLULAIRES APRÈS LA MÉNOPAUSE

Une équipe des Pays-Bas a récemment publiée une étude dans Journal Of Hepatology sur l’évolution des adénomes hépatocellulaires après la ménopause. La taille des adénomes évaluée par échographie hépatique a été étudiée longitudinalement chez 48 patientes en post-ménopause. Avant la ménopause la taille moyenne des adénomes était de 35.9 mm versus 17.2 mm après la ménopause avec un suivi médian de 22 mois. Parmi les 44 patients avec un suivi analysable en échographie, dans 20 cas les adénomes ont disparus, dans 9 cas les adénomes ont diminués de taille sans disparaitre et dans 15 cas ils sont restés stables. Aucune corrélation entre le sous-type moléculaire des adénomes évalué à l’IRM et la régression après la ménopause n’a été identifiée. Il faut noter que 8 patientes non inclues dans cette étude longitudinale ont eu une résection chirurgical d’adénomes après la ménopause par cette équipe.

Au total, la majorité des adénomes hépatocellulaires chez les femmes reste stable ou diminue de taille après la ménopause.

REVUE: LA RÉGÉNÉRATION HÉPATIQUE

La régénération hépatique est un processus très complexe qui jour un rôle positif ou négatif dans de nombreuses hépatopathies comme la cirrhose, l’hépatite alcoolique, le carcinome hépatocellulaire, les anomalies hépatiques après chirurgie …

Les mécanismes impliqués sont nombreux et la quasi totalité des cellules hépatiques jouent un rôle dans la régénération.

Cette revue résumé les principales voies à l’origine de la régénération hépatique et donne les principales cibles thérapeutiques actuelles et futures.

TRANSPLANTATION POUR PETIT CHOLANGIOCARCINOME INTRAHÉPATIQUE: UNE ÉTUDE RÉTROSPECTIVE INTERNATIONALE

De nombreuses controverses entourent la transplantation hépatique pour cholangiocarcinome. La présence d’un cholangiocarcinome intrahépatique est une contre-indication pour beaucoup d’équipes de transplantation, alors qu’il semble que la survie de ces patients soit meilleure que celle des patients ayant un cholangiocarcinome des voies biliaires extrahépatiques.

Cette étude internationale a évalué de manière rétrospective l’évolution des patients ayant été transplantés pour carcinome hépatocellulaire ou cirrhose décompensée et chez qui était observé la présence d’un cholangiocarcinome sur l’explant. L’objectif était d’évaluer si les patients ayant un cholangiocarcinome de petite taille (moins de 2 cm) avaient un bon pronostic après transplantation malgré la présence de cette tumeur agressive sur l’explant. Les patients ayant un petit cholangiocarcinome de petite taille étaient comparés à des patients ayant un cholangiocarcinome plus avancé (multifocal ou de plus de 2 cm).

Sur la période d’étude (2000-2013), 48 patients avec cholangiocarcinome ont été inclus dont 15 avec tumeur unifocale de moins de 2 cm. Ces patients avaient une survie à 1, 3 et 5 ans de 93, 84 et 65%, meilleure que celle des patients avec cholangiocarcinome avancé (50% à 5 ans).

Cette étude internationale, bien que rétrospective, souligne donc la faisabilité de la transplantation hépatique pour cholangiocarcinome intrahépatique unifocal de petite taille avec des chiffres de survie proches de ceux observés pour le carcinome hépatocellulaire. Un travail prospectif devra confirmer ces résultats encourageants.