C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès du Professeur Jean Philippe MIGUET le 27 avril à l’âge de 82 ans. Homme bienveillant, proche de ses collaborateurs et de ses patients, Jean-Philippe MIGUET se distinguait par son enthousiasme, son énergie, son esprit ouvert et indépendant. Hépatologue renommé, grand clinicien, il était particulièrement attaché à l’enseignement de la sémiologie, dont il a fait profiter plusieurs générations d’étudiants bisontins.
Capable de défier les idées reçues et d’insuffler un souffle nouveau à notre discipline, il fut le premier français à s’intéresser à l’échinococcose alvéolaire, une maladie alors totalement inconnue en France. Fidèle à ses valeurs humanistes, il a défendu avec conviction une prise en charge efficace et respectueuse des patients atteints de maladie alcoolique du foie à une époque où cela n’était pas du tout habituel. Dans cette dynamique, il a été accompagné par Thierry POYNARD puis par la formidable école de Lille, pour laquelle il avait beaucoup d’admiration.
Énergique et visionnaire, le Pr MIGUET a fait partie des pionniers de la transplantation hépatique en France. Il a consacré toute sa carrière au développement de cette activité, s’entourant d’une équipe de chirurgiens et d’hépatologues transplanteurs talentueux. À Besançon, il avait fondé le DEA (ancêtre du Master 2) « transplantation d’organes et greffe de tissus » accessible aux cliniciens – une innovation à l’époque -, et créé une école d’hépatologie reconnue au niveau national. La fin de carrière du grand clinicien chercheur qu’il était a été marquée par l’étude TRANSCIAL, une étude où l’inscription sur liste d’attente de transplantation hépatique était randomisée, ce qui témoignait bien de son optimisme et de son audace. Il attachait une grande importance à la valorisation de cette étude et j’avais été très honoré qu’il m’en confie la responsabilité. “Tu me ressembles”, me disait-il, “et pas seulement physiquement !” Ces mots affectueux résonnent toujours en moi comme un immense compliment…
Son enthousiasme sans faille, son esprit vif et positif en toutes circonstances faisaient aussi de lui un enseignant exceptionnel, dont les exposés étaient pétris d’intelligence et d’humour. Cet indéfectible sens de l’humour s’est exprimé jusqu’à la fin de sa vie : il avait confié quelques jours avant sa mort à Daniel DHUMEAUX, son ami de toujours, qu’il comptait faire venir quatre curés à ses funérailles « pour être sûr qu’il y en ait au moins un de bon ! »
Épris de justice, d’une fiabilité sans faille et fidèle à ses engagements, il n’a pas hésité, parfois même au détriment de sa propre tranquillité, à apporter une aide décisive à la carrière de plusieurs collègues, notamment Solange BRESSON HADNI et Didier SAMUEL. Patron protecteur, il avait le don de laisser une empreinte indélébile sur ceux qui avaient la chance de le connaître. Sa loyauté et la générosité avec laquelle il m’avait accordé sa confiance pour lui succéder m’ont marqué à tout jamais.
L’Association Française pour l’Étude du Foie, qu’il a servie avec dynamisme en tant que secrétaire puis président, a été pour lui une source d’épanouissement professionnel inégalée. Il y avait exprimé son charisme et sa simplicité. Il avait aussi été le premier président de la Fédération des Pôles et Réseaux Hépatites, plébiscité pour le succès de ses collaborations avec tous les acteurs de santé Franc-Comtois, qui l’appréciaient pour son éloquence et sa modestie. Il n’avait pas attendu que l’éducation thérapeutique soit à la mode pour la faire vivre dans sa pratique tellement le lien humain avec les malades était inestimable à ses yeux.
Les témoignages recueillis auprès de ceux qui l’ont côtoyé parlent d’un “grand bonhomme”, d’un “bon vivant”, de son “cœur d’or”, de sa “gentillesse incroyable”, de sa “gaieté communicative”, et tout simplement d’un “homme bien”. Jean Philippe MIGUET laisse pour tous ceux qui l’ont connu un héritage de compétence, d’humanité et de générosité. Puisse cet héritage être transmis et inspirer les futures générations d’hépatologues.
Au nom de toute la communauté hépatologique française, nous adressons nos condoléances à Anne, son épouse, Ghislain et Laure, ses enfants, Thomas, Baptiste, Samuel, Louise, Julien, ses petits-enfants, ainsi qu’à toute sa famille et ses amis proches.
Professeur Vincent Di Martino